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La Brévine: chaleur à distance dans le village le plus froid de Suisse

Connue pour ses records de froid, c’est aujourd’hui par son réseau local de chauffage à distance que La Brévine fait parler d’elle. La plupart des maisons sont raccordées à un réseau de chaleur et sont chauffées avec le bois de la région.

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À La Brévine, le froid est véritablement célébré. Dans cette commune fière de son surnom de «Sibérie suisse», des panneaux colorés guident le visiteur du centre du village jusqu’au lieu historique – la station météorologique qui indique le record de froid jamais enregistré en Suisse: - 41,8°C! Rien d’étonnant donc à ce que Chauffer y soit également un sujet important. Or, la manière dont sont chauffées les maisons et l’eau sanitaire est étonnante: environ 85 % des bâtiments sont reliés à un réseau de chaleur. En mai 2017, l’installation de chauffage à distance, avec sa centrale de chauffe à copeaux de bois et son réseau de 2,6 kilomètres de conduites très bien isolées, a été officiellement inaugurée.

Adieu, cuves à mazout!

Chez Monique et Marcel Brandt, près du centre du village, on parle aussi de froid et de chauffage. Leur maison à deux niveaux construite en 1896 a déjà connu plusieurs transformations.

En 2016, notre maison a été la troisième à être raccordée au réseau de chauffage à distance. Lorsque nous avons rénové la maison en 2014, le projet de chaleur à distance arrivait à point nommé. Notre brûleur à mazout n’arrêtait pas de tomber en panne.
Monique Brandt

Dans leur cave, ils ont installé une sous-station de chauffage pour le raccordement au réseau de Chaleur à distance. Des outils de jardin soigneusement rangés sont entreposés dans l’une des nombreuses autres salles de cette cave, où trônaient auparavant trois cuves à mazout. Cette administratrice communale juge le système aussi fiable que confortable: une température ambiante toujours suffisante, et plus besoin de commander du mazout ni de faire ramoner.

Un investissement durable et à long terme

Sur la table de la grande salle à manger, Monique Brandt étale des documents sur la nouvelle source de chaleur. La facture annuelle permet de voir comment est élaboré le décompte pour la chaleur à distance. D’un côté, il y a le montant de base, redevable même si la maison n’est pas ou que très peu chauffée. Les Brandt, qui habitent en permanence à La Brévine, dépassent largement ce forfait minimal. Ils paient 16,8 centimes par kilowattheure consommé. Leur dépense annuelle est ainsi légèrement supérieure à ce qu’ils payaient auparavant pour le remplissage de leurs cuves à mazout. Mais c’est plus compliqué que cela, explique Monique Brandt. En effet, un nouveau chauffage au mazout aurait coûté environ 30 000 francs pour leur maison: un investissement qu’il aurait fallu amortir sur une vingtaine d’années.

Le chauffage à distance nécessite cependant lui aussi un investissement initial. Dans le cas de la famille Brandt, le raccordement au réseau a coûté 8640 francs et l’installation 12 500 francs. Cet investissement n’est pas amorti sur deux décennies, comme le chauffage au mazout, mais à plus long terme.

Création de la coopérative de chauffage à distance au bois

Entrepreneur, Frédéric est l’une des personnes à l’origine du projet de chaleur à distance et président de la coopérative qui a réalisé le réseau de chauffage, à savoir la Société coopérative de chauffage à distance au bois de La Brévine. En 2009, la commune cherchait une solution pour remplacer le vieux chauffage au mazout de plusieurs bâtiments publics. À la même époque, la fromagerie du village prévoyait elle aussi de se moderniser. Après un sondage révélant que nombre de particuliers envisageaient également de rénover leur système de chauffage, il était clair que La Brévine présentait le potentiel pour un réseau de chaleur. Une énorme chaudière brûle 4 000 mètres cubes de copeaux de bois par an. Une visite dans la «Sibérie de la Suisse» montre comment la chaleur atteint ensuite les ménages.

Le mazout n’était plus une option

Selon Frédéric Cabré, si la grande majorité des maisons est aujourd’hui raccordée au réseau, c’est à la fois par idéalisme et par bon sens. De plus, la commune et ses 623 habitants ont conscience des enjeux écologiques actuels et savaient donc qu’ils devraient bientôt remplacer leurs vieux chauffages. Mais le mazout n’était plus une option. D’une part car le village est bâti juste au-dessus d’une nappe phréatique, et qu’il faut donc empêcher tout accident de cuve à mazout pour protéger l’eau potable. D’autre part car, depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’énergie, les anciens chauffages au mazout ne peuvent plus être remplacés par de nouveaux dans le canton de Neuchâtel.

 Un bois local

En voyant les gigantesques troncs d’arbres – principalement des sapins – empilés devant la centrale thermique, on devine tout de suite le combustible utilisé. Il y en a là pour plusieurs mois de chauffage. Ce bois de qualité médiocre est transformé en copeaux sur place. La coopérative s’est engagée à ce qu’il soit prélevé dans un rayon de 15 kilomètres maximum. Les 300 000 litres de mazout acheminés année après année dans le village n’apportaient rien à l’économie locale. À l’inverse, le chauffage à distance a créé 1,8 poste ici.

Nous consommons local et créons des emplois dans le village.
Frédéric Cabré, entrepreneur

Avantage financier pour les sociétaires

En proposant une réduction aux personnes qui décidaient dès le début de se raccorder au réseau, mais aussi à celles qui s’engageaient par contrat à changer leur chauffage dans cinq ou dix ans. Un étalement qui permettait indubitablement de répondre aux besoins des propriétaires immobiliers. Chaque cliente ou client en fait partie et possède une voix – tant les particuliers que la fromagerie et la commune, qui sont de loin les deux plus gros consommateurs de chaleur. La commune a avancé les frais de construction pour le bâtiment de la centrale thermique et conclu avec la coopérative un contrat de location-vente à l’horizon 2049. Elle ne voulait pas exploiter en régie propre l’installation de chauffage à distance, car les coûts de construction de 5,9 millions de francs auraient nécessité un trop grand endettement. L’ASCAD prévoit quant à elle que la Suisse devrait pouvoir atteindre 40 % d’ici à 2050. La plupart des grandes villes, mais aussi d’autres plus petites, construisent actuellement des réseaux de chaleur à distance – sans oublier les villages comme La Brévine.

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